Mise en place des gants en salle blanche
Apprenez à enfiler des gants en salle blanche comme un pro : protocole complet, erreurs à éviter, double gantage, désinfection et conseils experts pour garantir l’asepsie.
Des mains propres, des produits sains
En salle blanche, chaque geste compte. Parmi les équipements les plus critiques, les gants jouent un rôle clé dans la prévention de la contamination. Pourquoi ? Parce que nos mains sont une source majeure de particules, contaminants microbiens et moléculaires. La mise en place correcte des gants, souvent en double gantage, est une procédure qui ne tolère aucune approximation.
👉 Ce guide vous explique, étape par étape, comment enfiler les gants stériles en salle propre, sans compromettre ni l’asepsie, ni votre confort, ni la sécurité des produits ou patients.

Pourquoi mettre des gants en salle blanche ?
En salle propre, les gants ont une double fonction essentielle : ils protègent l’environnement et les produits manipulés, mais également l’opérateur, selon la nature des substances en jeu.
Les objectifs du port de gants sont donc multiples :
- Limiter les particules issues de la peau, des ongles, de la sueur, responsables de contamination particulaire.
- Prévenir les contaminations microbiologiques, en empêchant la dissémination de bactéries, levures ou moisissures.
- Protéger l’utilisateur contre les produits dangereux, notamment en cas de manipulation de substances :
- Cytotoxiques ou cancérigènes,
- Réactifs chimiques agressifs ou corrosifs,
- Contaminants biologiques ou infectieux (ex. : sang, virus).
- Maintenir l’intégrité des équipements ou échantillons sensibles, en évitant toute interférence externe.
Le bon gant est donc celui qui répond à la fois aux exigences de propreté de l’environnement, mais aussi aux risques auxquels l’utilisateur est exposé.
Quels types de gants utiliser ?
Le choix du gant dépend du niveau de propreté requis, des risques et de la sensibilité de l’environnement.
| Type de gant | Matière | Usage recommandé | Stérilité | Niveau de protection |
| Nitrile | Hypoallergénique | Pharmaceutique, cosmétique, électronique | Stérile/non-stérile | Élevé |
| Latex | Caoutchouc naturel | Biologie, hôpital, industrie | Stérile/non-stérile | Moyen |
| Néoprène | Synthétique | Chimie, biotech | Stérile/non-stérile | Élevé |
| PVC | Polychlorure de vinyle | Manipulations courantes | Non-stérile | Faible à moyen |
| Textile | Polyester, nylon, polyamide | Manipulations mécaniques sans contact produit, protection ESD, Anti-statique | Non-stérile | Faible (pas de barrière chimique ni microbienne) |
Double gantage (gants internes + gants externes) est requis dans les environnements ISO 5 ou supérieurs, et dans les zones à risque élevé de contamination croisée.
Préparation : que faire avant de mettre ses gants ?
Avant tout, il faut préparer l’environnement, ses mains et son matériel.
✔ Checklist avant gantage :
- ✅ Retirer ses bijoux, montres, bagues
- ✅ Laver et désinfecter les mains.
- ✅ Nettoyer et désinfecter l’emballage extérieur du gant à l’aide de lingettes adaptées (en zone de transition ou dans le sas)
- ✅ Préparer les gants stériles dans un sas ou une zone propre
- ✅ Mettre une charlotte, un masque, un cache-barbe, une blouse ou combinaison et des manchettes avant de toucher aux gants
- ✅ Nettoyer les sachets PE des gants avec des lingettes désinfectantes si produits entrants
- ✅ Vérifier la date de péremption et l’intégrité de l’emballage du gant stérile
- ✅ Vérifier l’intégrité des gants (pas de trous, pas de déchirures)
Les manchettes doivent recouvrir les poignets et rester sous les gants externes.
Procédure de double gantage en 10 étapes
En zone ultra-propre (ex. pharma critique)
🧼 Étape 1 : Hygiène des mains
Lavez vos mains pendant 30 à 60 secondes, en insistant entre les doigts, sous les ongles et sur les poignets.
Laver soigneusement et désinfecter vos mains avec un produit adapté aux salles propres (à faible niveau particulaire).
📦 Étape 2 : Préparer les gants stériles
Placez l’emballage dans la zone propre, face à vous. Ouvrez sans toucher l’intérieur.
🧤 Étape 3 : Mettre le gant interne
- Tenez le gant par le revers.
- Insérez votre main sans toucher l’extérieur.
- Recommencez avec la seconde main.
🔄 Étape 4 : Ajuster sans contaminer
Utilisez le revers du gant pour l’ajuster à la main. Ne touchez jamais directement la paume ou les doigts du gant.
🔁 Étape 5 : Répéter avec le gant externe
Même procédure avec les gants stériles externes. Attention à bien enfiler le revers par-dessus la manchette. Assurez-vous que le gant externe recouvre bien la manche de la combinaison ou la manchette. Le gant ne doit jamais être en dessous de la tenue.
📏 Étape 6 : Vérification visuelle
Regardez vos mains sous tous les angles : pas de déchirure, de mauvais ajustement, de surépaisseur.
🧴 Étape 7 : Friction du gant externe
Décontaminer les gants avec de l’IPA si nécessaire.
🔄 Étape 8 : Changement de gants régulier
Toutes les 60 à 90 minutes ou à chaque suspicion de contamination (contact douteux, sortie de zone…).
🚮 Étape 9 : Retrait des gants
- Retirer d’abord le gant externe sans toucher la peau.
- Puis le gant interne en repliant vers l’extérieur.
- Jeter dans un bac prévu à cet effet.
🧽 Étape 10 : Nettoyage post-manipulation
Nettoyez vos mains après le retrait, même si vous portiez des gants stériles.
Adapter la procédure selon l’environnement
Tous les environnements de salle blanche n’imposent pas les mêmes exigences en matière de gantage. Il est donc crucial d’adapter la procédure aux normes de propreté (ISO ou GMP), au type de production et au niveau de risque associé.
- En milieu pharmaceutique (zones classées B ou C – production aseptique) : le double gantage est systématique. Les deux paires de gants doivent être stériles et changées régulièrement pour prévenir toute contamination croisée. Les gants extérieurs sont souvent frictionnés à l’alcool à intervalles réguliers. (GMP/BPF A/B)
- En microélectronique ou optique de précision (environnements ISO 4-6) : la priorité est de réduire les particules (non pas les germes). On privilégie des gants à faible taux de relargage, souvent en nitrile, sans poudre ni additifs, et non stériles. Le double gantage n’est pas toujours requis, sauf en zone ultra-propre.
- En laboratoire de recherche ou chimie : selon les manipulations, on pourra privilégier des gants en néoprène ou nitrile simple, sans forcément avoir recours à des modèles stériles, mais en conservant une procédure d’enfilage rigoureuse et des changements fréquents.
- En milieu hospitalier ou médical : les gants doivent assurer à la fois la protection du soignant et celle du patient. Ici aussi, les procédures d’enfilage doivent éviter la recontamination du gant externe après désinfection ou lavage de la main.
🎯 En résumé : pas de procédure universelle, mais des exigences adaptées à chaque environnement. Une analyse des risques et un protocole validé doivent toujours encadrer le choix des gants, leur fréquence de remplacement et la méthode d’enfilage.
Retirer ses gants sans contamination croisée : la méthode de déshabillage
Le retrait des gants est une étape aussi critique que leur mise en place. Un geste mal exécuté peut transférer des micro-organismes ou particules sur la peau, les poignets ou la combinaison, annulant l’efficacité du gantage. Il est donc essentiel de respecter une procédure stricte et codifiée.
Procédure de retrait :
- Saisir le premier gant à l’extérieur, au niveau de la paume (sans toucher la peau) et le retirer en le retournant sur lui-même, jusqu’à le maintenir dans la main gantée.
- Glisser ensuite un doigt propre sous le revers du second gant, au niveau du poignet, puis le retirer sans toucher l’extérieur du gant, en l’enroulant sur le premier.
- Jeter l’ensemble dans le conteneur de déchets approprié, sans jamais poser les gants sur une surface.
- Désinfecter immédiatement les mains après le retrait, même si aucun contact peau/gant n’a été ressenti.
Bonnes pratiques :
- Ne jamais toucher l’extérieur d’un gant avec une main nue.
- Éviter les mouvements brusques pour ne pas projeter de particules.
- Ne jamais déposer les gants usagés sur un plan de travail, même propre.
- En cas de doute (gants abîmés, doute sur la stérilité), les changer immédiatement.
Le dégantage fait partie intégrante du protocole de salle blanche : un gant mal retiré peut contaminer une blouse ou combinaison, un équipement ou un échantillon à lui seul.
Conseils d’expert pour limiter la contamination
- Ne jamais toucher sa peau, ses lunettes ou sa blouse ou combinaison après avoir mis ses gants.
- Changer de gants entre deux lots, zones ou manipulations.
- Utiliser des gants adaptés à votre environnement ISO.
- Limiter les mouvements inutiles, sources de friction et d’émission particulaire.
- Former régulièrement le personnel : chaque mauvaise habitude peut ruiner toute une production.
FAQ – Les erreurs fréquentes à éviter
| ❌ Erreur | ✅ Bonne pratique |
| Toucher l’extérieur du gant avec une main nue | Toujours enfiler les deux gants avec précaution sans contact avec la peau |
| Remonter les manchettes après gantage | Les mettre avant et enfiler les gants par-dessus |
| Réutiliser des gants après contact | Jeter immédiatement les gants douteux ou contaminés |
| Porter un seul gant | Le double gantage est obligatoire dans les environnements critiques |
Conclusion
Maîtriser la mise en place des gants en salle blanche, c’est protéger la qualité des produits, la santé des utilisateurs et la réputation de l’entreprise. Avec un protocole strict, des gestes rigoureux et une formation continue, le gantage devient un rituel de précision, au service de l’excellence.